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Philippe Piguet
           
 

“ Il fut un temps, peu lointain, mais lointain déjà, où peindre et voir se conjuguaient sous le commandement torride d’une brassée de concepts, de problématiques, de références, de connotations, et je ne regrette pas ce temps, je ne regrette rien… Ce temps fut un souterrain nécessaire sans doute. Pour que vienne au jour, encore, une ferveur nouvelle, une passion affirmative nouvelle. ” Ainsi s’exprimait en janvier-février 1981 le critique d’art Bernard Lamarche-Vadel dans la revue Artistes, dont il était le rédacteur en chef1. Intitulé “ Finir en beauté ”, expression extraite d’une citation de Yasunari Kawabata2, l’article ne proposait aucune espèce de commentaire critique sur la situation artistique du moment mais dérivait sur des considérations autobiographiques quelque peu obscures. Lamarche-Vadel reprit pourtant la formule au mois de juin suivant pour en faire le titre de l’exposition qu’il organisa dans son loft à Paris, rue Fondary, dans le 15e arrondissement3. C’est dire si ceux qui la composaient – Jean-Michel Alberola, Jean-Charles Blais, Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, Hervé Di Rosa, Jean-François Maurige et Catherine Viollet – étaient porteurs à ses yeux de cette “ ferveur nouvelle ”. Prophétique alors, Lamarche-Vadel ? Une chose est sûre : historiquement parlant, “ Finir en beauté ” est la première manifestation qui rassemblait dans le même espace ceux qui allaient constituer le groupe de la Figuration libre, à savoir Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa. Rappeler ici cet événement duel vise à souligner le rôle majeur qu’a joué à cette époque le critique d’art parisien. Un rôle plus particulièrement prégnant à l’égard de certains, comme ce fut le cas pour Rémi Blanchard, puisque leurs relations, avant d’être celles du peintre et du critique, furent celles de l’étudiant et du professeur. C’est en effet à l’école des beaux-arts de Quimper qu’ils firent connaissance : celui-ci y était entré en 1976 et celui-là y enseignait la culture générale. Une rencontre tout à la fois houleuse et prospective, comme le reconnaîtra plus tard l’artiste.
Né à Nantes en 1958, Rémi Blanchard, qui est issu d’un milieu modeste, l’est aussi d’une famille nombreuse – pas moins de onze enfants ! Alors que sa mère est au foyer, son père, mécanicien auto, ne compte pas son temps pour réussir à faire bouillir la marmite et élever la tribu. De cette vie de famille Rémi, qui est un garçon très renfermé, a toujours gardé un excellent souvenir, notamment des virées en vacances et du camping “ dans les champs en pleine nature ”. À dix-sept ans, le jeune homme, qui ne montre aucune espèce de passion pour les études et aspire bien davantage à vivre une vie concrète, les interrompt brutalement pour aller travailler un moment à l’usine. Quelques mois plus tard, même s’il reconnaît n’avoir alors “ pratiquement aucune connaissance de l’histoire de l’art ” en dehors de Picasso, il décide d’entrer aux Beaux-Arts. Certes, il lui plaît de dessiner, mais il n’a pas pour autant l’ambition de devenir artiste. En fait, Rémi Blanchard ne sait pas très bien ce qu’il veut faire. Il se cherche. Sans qu’il le sache encore lui-même, c’est pourtant bien dans cette voie qu’il va se trouver. Malgré tous ses efforts pour rattraper le temps perdu, force lui est de reconnaître que, décidément, l’école n’est pas faite pour lui. “ En troisième année, j’en avais ras le bol, je ne m’entendais plus avec les professeurs ”, dira-t-il plus tard. Dès 1979, il décide d’abandonner. S’il saisit toutefois l’occasion qui se présente d’aller faire un stage à Nottingham, en Angleterre, c’est encore pour occuper le temps. Il en revient pourtant quelque peu transformé, comme si celui-ci lui avait permis d’y voir plus clair dans ses propres intentions. À son retour, suivant en cela les conseils que Lamarche-Vadel lui avait prodigués quand il avait quitté l’école, Blanchard décide en effet de venir s’installer à Paris pour faire de la peinture. Il y est au tout début de l’année 1981, et le critique d’art le prend alors sous sa coupe.
Pour le jeune artiste qu’il est – il n’a alors que vingt-deux ans ! –, cette année est celle de tous les débuts. À peine est-il installé que Bernard Lamarche-Vadel, soucieux de mettre en relation de jeunes artistes d’une même génération animés par un même goût pour la peinture, le présente à Combas, Di Rosa et Boisrond. Originaires de Sète, les deux premiers se sont retrouvés à Paris et forment avec Boisrond et le photographe Louis Jammes l’ébauche d’une petite bande. Dès lors, cela va aller très vite car les temps sont à l’urgence et il règne au-dehors une telle effervescence que l’on ne peut aspirer qu’à y participer, faute de quoi on risque de se faire écraser par la horde qui déboule. Blanchard apprécie-t-il exactement la situation et a-t-il choisi sciemment de faire partie de la fête ? Rien n’est moins sûr. Il se laisse plutôt porter par les événements, surpris non seulement de pouvoir faire ce qui lui plaît mais, petit à petit, d’en vivre. Bien sûr, tous les jours ne sont pas roses et le jeune artiste passe par toutes sortes de hauts et de bas, de périodes d’enthousiasme et d’inquiétude. Rémi Blanchard n’est pas un expansif, comme le sont Combas et Di Rosa. C’est quelqu’un de très timide, plutôt du genre introverti, qui se tourmente facilement jusqu’à faire parfois de “ mauvais rêves ” quand il prépare une exposition. Il n’en reste pas moins qu’il réussit à trouver sa place au sein du groupe qui émerge, d’autant plus qu’il y apporte une touche singulière, quelque peu décalée, qui balance entre simplicité et poétique.

Quelque temps après son installation, s’il figure en compagnie de Boisrond dans une exposition intitulée Transitif, Intransigeant, organisée par la galerie Trans/form, dans le 7e arrondissement, c’est sa participation en juin à “ Finir en beauté ” qui est déterminante. Il s’y fait notamment repérer par Yvon Lambert qui ne tardera pas à l’inclure dans la nouvelle équipe de jeunes artistes – dont Combas et Blais – qu’il est en train de constituer. L’été venant, présentant chez lui les “ 2 Sétois à Nice4 ” au regard d’une scène artistique internationale qui a vu naître ici et là les néo-fauves en Allemagne, la trans-avant-garde en Italie et l’art graffiti aux États-Unis, Ben qualifie leur peinture de “ figuration libre ”. L’expression est lancée, l’histoire peut vraiment commencer. Pour Blanchard, elle se poursuit à l’automne : il est invité à exposer en octobre par un jeune “ curator ”, Hervé Perdriolle, avec ses nouveaux amis et Catherine Viollet dans un hôtel particulier, rue des Blancs-Manteaux, dans le 3e arrondissement5. Si cette exposition, intitulée “ To End in a Believe of Glory ”, reste assez confidentielle, elle a du moins le mérite de mettre en exergue l’espèce de communauté d’esprit qui anime ces artistes et le rapport qu’ils entretiennent avec une culture tout à la fois populaire, musicale et médiatique. Début décembre, si Blanchard qui dispose d’un atelier à Belleville peut regretter de ne pas figurer dans la nouvelle formule intitulée Ateliers, imaginée par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris soucieux de montrer les artistes émergeants6, il a toutes les raisons de ne pas s’en faire. Il expose en effet chez Yvon Lambert7, y précédant Robert Combas de quelques mois ! Otto Hahn, le critique de L’Express, ne manque pas de souligner que, s’il est “ l’oublié ” des “ Ateliers 81/82 ”, Rémi “ fait de la grande peinture au second degré : des sujets volontairement désuets – biches dans un sous-bois ou chasseur à l’affût – complétés par des collages de couvre-lit en imitation de peau de lapin… Un cocktail de somptueux et de dérisoire8. ”

Fort d’une volonté nouvelle de promotion et de diffusion de l’art contemporain tant en France qu’à l’étranger, le ministère de la Culture que gouverne Jack Lang depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes se multiplie alors en initiatives de toutes sortes. En février 1982, Otto Hahn qui a pris parti pour la nouvelle génération montante est notamment chargé par l’AFAA (Association française d’action artistique) d’organiser une vaste exposition d’artistes français à New York. Intitulée “ Statements New York 82. Leading contemporary Artists from France ”, celle-ci réunit des générations et des styles très différents. Otto Hahn y invite Blanchard et Combas, qui exposent leurs œuvres chez Holly Solomon ; compte tenu du contexte, celle-ci tient aussi à présenter en même temps Hervé Di Rosa et François Boisrond. Ainsi, ironie de l’histoire, c’est dans une galerie new-yorkaise que, pour la première fois, Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa se trouvent réunis tous les quatre – et tous les quatre seulement !
Dans le même temps à Nice, Ben, qui a réussi à convaincre l’institution de s’intéresser au phénomène de la Figuration libre, organise avec Marc Sanchez, responsable de la GAC (Galerie d’art contemporain), une grande exposition ratissant large autour de ce concept. La quinzaine d’artistes qui y participent contribue quelque peu à en brouiller les cartes, ce qui conduit Bernard Lamarche-Vadel à prendre ses distances avec cet “ Air du temps ” – titre de cette exposition – qu’il a pourtant lui-même participé à insuffler, quoi qu’il en dise en réponse à une interview dans le catalogue : “ Ce terme de “figuration libre” m’est absolument étranger, il s’agit d’une naïveté supplémentaire de ceux qui transforment aujourd’hui en idéologie, et peut-être en commerce, ce que j’ai conçu en événement, en excentricité9. ” La formule est surprenante d’autant que l’“ événement ” perdure, prend racine et s’impose. Tous les partenaires du monde de l’art s’emparent en effet du phénomène : médias, galeries, institutions, marché de l’art. La célèbre et rigoureuse revue Art Press n’y échappe pas. En avril, elle consacre un dossier à ces “ Jeunes artistes ” nouvellement apparus. Le travail de Rémi y est analysé par Sylvie Dupuis. Celle-ci relève le choix de l’artiste pour l’animalité, “ thème qui réfute toute forme de discours ”, et note combien chez lui “ les grands coups de pinceaux, les formes plus ou moins jetées, la violence des couleurs expriment un certain primitivisme… Comme si pour renouer avec l’image, seule celle de l’animal, symbole du non-civilisé, s’imposait. Comme si, pour retourner à l’émotion, il fallait opérer un retour à un certain archaïsme bienfaisant10. ”
Très vite, c’est une véritable avalanche ! Les expositions autour de la Figuration libre se multiplient : Combas est chez Yvon Lambert, Boisrond chez Farideh Cadot, Di Rosa chez Gillespie-Laage-Salomon ; la galerie Beaubourg réunit Combas, Di Rosa et le groupe de design Totem. Si, à Saint-Paul-de-Vence, Catherine Issert ne manque pas de s’accrocher au train, cela déborde largement les frontières. Les galeries Eva Keppel à Düsseldorf, Swart à Amsterdam – qui se sont intéressées dès 1981 à Combas et Di Rosa –, 121 à Anvers, Pellegrino à Bologne, Bonomo à Bari donnent tour à tour avec enthousiasme dans la Figuration libre. Grâce à Yvon Lambert, Blanchard et Combas sont tous deux présentés à la Foire de Bâle dans le secteur Perspektive, expressément réservé aux jeunes. Pour sa part, Rémi est invité par la suite à exposer à la galerie Swart puis chez Bernier à Athènes.
À trois reprises, au cours de cette année 1982, Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa participent à différentes actions publiques, réalisant des œuvres destinées à déborder le circuit convenu du monde de l’art. Ils participent ainsi à une opération intitulée “ Art Prospect mécénat industriel ”, qui propose à des artistes d’exécuter en public une affiche peinte sur de grands panneaux urbains. C’est l’occasion pour eux d’une fortune médiatique considérable. D’autant qu’ils réitèrent aussitôt pour le compte d’une campagne publicitaire annoncée comme “ L’art en sous-sol ou Félix Potin vu par la Figuration libre ”. À l’automne, enfin, à l’initiative d’Hervé Perdriolle, Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa se retrouvent tous les quatre pour réaliser, toujours en public et chacun à son tour, une toile de 4 x 8 mètres dans les anciens ateliers de décoration de la Comédie de Caen. L’opération est encore très largement relayée par les médias. Composée de figures monumentales et décoratives, la toile qu’exécute Rémi Blanchard en appelle à un vocabulaire plastique qui tend vers une plus forte géométrisation formelle sans pour autant se priver de l’atmosphère poétique qui lui est très personnelle et le démarque de ses compères.

Au début de l’année 1983, une exposition de groupe à laquelle participent nos quatre mousquetaires est organisée à l’Espace lyonnais d’art contemporain. “ Figures imposées11 ” – c’est son nom – vise derechef à une réunion très élargie d’artistes travaillant dans un certain “ esprit du temps ”, comme s’il s’agissait de ne pas laisser le label de Figuration libre aux seuls Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa. C’est bien pourtant ce que sanctionne dans le même temps l’exposition de photographies de Louis Jammes que présente dans la ville voisine de Villeurbanne la galerie Gaston Nelson12. Représenté en “ briseur de chaînes sous chapiteau de cirque, crachant le feu en maillot de corps devant une boîte de chocolat Poulain ”, le portrait de Rémi Blanchard par Jammes que décrit Jim Palette dans Libération sert d’illustration à l’article chaleureux du critique13. Mais curieusement, une nouvelle fois, l’événement le plus important pour le groupe de la Figuration libre est bien davantage l’exposition à l’étranger que lui consacre le Groninger Museum aux Pays-Bas14. Voulue rétrospective – déjà ! – par Frans Haks, le directeur, elle rassemble une quantité d’œuvres qui proviennent tant des collections dudit musée que de collectionneurs autochtones ou étrangers ainsi que les quatre grandes peintures réalisées à Caen. Une première. Le soir du vernissage, comme souvent à leur habitude, Combas, son amie Cathy Brindel et Richard Di Rosa (le petit frère d’Hervé), qui avaient constitué dès 1979 un groupe de rock nommé Les Démodés, y allèrent d’un concert mémorable. Dans la foulée de cette manifestation qui fait plus de bruit dans la presse nordique que française et dont le catalogue est notamment riche d’interviews menées plutôt swing par Cathy Brindel elle-même, Rémi Blanchard expose successivement à la galerie Buchmann à Saint-Gall, en Suisse, puis chez Claudine Bréguet à Paris – il a quitté Lambert –, puis derechef chez Swart, enfin à la galerie Eva Keppel à Düsseldorf.
Ayant obtenu une bourse de résidence de six mois à New York, Boisrond et Di Rosa vont y séjourner. Ils y font la connaissance de Keith Haring et de Kenny Sharf, figures de proue d’un art graffiti auquel participe Jean-Michel Basquiat. Dans ce temps-là, alors que Combas expose chez Léo Castelli, Boisrond chez Anina Nosei et Di Rosa chez Barbara Gladstone, puis avec son frère sculpteur chez Tony Shafrazi, les relations entre Rémi Blanchard et ses camarades commencent à se distendre. C’est que, fondamentalement, il ne partage pas les mêmes valeurs qu’eux, ni ne travaille sur les mêmes registres d’intérêt, comme l’observera justement un peu plus tard Hector Obalk : “ Ni spectaculaire, ni rigolo, le monde de Rémi Blanchard est celui des roulottes, des cracheurs de feu, des cerfs, des hottes magiques et des oiseaux perchés sur l’épaule de champêtres vagabonds. À la mode du fun, de la BD et des graffitis de la ville, Blanchard oppose celle du merveilleux des champs et des contes d’enfant traditionnels15. ”
À la fin de l’année, l’exposition que la galeriste autrichienne Ursula Krinzinger organise dans ses locaux16 réunit une nouvelle fois les quatre mousquetaires de la Figuration libre et Catherine Brindel, mais associés à Jean-Charles Blais, Denis Laget et Georges Rousse. Le succès qu’elle rencontre – elle est présentée ensuite à Francfort et à Vienne – reste malgré tout très ponctuel et le fait qu’elle ne soit pas constituée du noyau dur de Blanchard, Boisrond, Combas et Di Rosa ne débouche sur rien de particulier. Comme si les temps en arrivaient doucement à ce que l’aventure collective de la Figuration libre s’effiloche au bénéfice d’une dynamique davantage individuelle, on assiste à la publication successive tout d’abord fin 1983 de la première monographie d’Hervé Di Rosa, puis début 1984 de celle de Robert Combas. Cette individualisation de l’activité des héros de la Figuration libre va aller en s’accentuant tout au long de l’année. Les frères Di Rosa transforment la Robert Frazer Gallery de Londres en un monumental “ Dirozoo ” qu’ils reconstituent par la suite au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. François Boisrond participe à l’exposition “ Art et Sport ” imaginée par Perdriolle aux 24 Heures du Mans ; il y retrouve Keith Haring avec lequel il réalise toute une production d’images sur le thème de l’automobile. Seuls, Hervé Di Rosa et Boisrond sont invités à l’exposition “ French Spirit Today ” présentée à l’USC Fischer Art Gallery de Los Angeles et au musée d’Art contemporain de la Jolla puis à la Biennale de Sidney. Si, pour Rémi Blanchard, l’année 1984 est plutôt sèche – il n’a aucune exposition personnelle –, celle-ci se termine pour la Figuration libre sur le mode d’une confrontation qui est en même temps comme un tomber de rideau. À l’invitation de Suzanne Pagé, responsable de l’ARC au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Otto Hahn et Hervé Perdriolle se font les commissaires d’une exposition intitulée “ 5/5 Figuration Libre France/USA ” réunissant cinq Français – Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa et Jammes – et cinq Américains – Basquiat, Crash, Haring, Kwong Chi et Scharf17. Pour Suzanne Pagé, le label sous lequel est placée cette réunion fonde sa justification “ sur l’effet de liberté primordiale d’abord affirmée par un art libre de toute adhésion et de tout refus, de toute allégeance et de toute référence même, par l’excès précisément des emprunts, leur laminage réciproque, l’insolent aplatissement d’un brassage par collages étrangers à toute hiérarchie du grand art, du moyen art et du petit art, de l’histoire et de la rue, du noble et du trivial. ”
Dans le texte qu’il produit à cette occasion, Hervé Perdriolle ne manque pas de souligner encore une fois la singularité de la contribution de Rémi Blanchard à l’aventure de cette Figuration libre. Il a “ ce privilège, écrit-il, d’être le seul de ces artistes à nous proposer une iconographie rurale. Ses sujets : roulotte, cheval, licorne, cracheur de feu, oiseau, lumières… sont d’une totale simplicité graphique comme si cette iconographie rurale, nomade, était gérée par un ordinateur. Son iconographie évoque aussi, dans son agencement volontairement aléatoire, certains jeux de cubes pour enfants où chaque face représente un dessin différent et où il appartient à chacun de construire son tableau. ” Et le critique d’achever : “ Rémi Blanchard a cet heureux privilège de nous rappeler que la simplification de la gestion amenée par l’ordinateur n’est pas le privilège des villes. Il nous rappelle les espoirs que nous plaçons dans cette simplification, ailleurs, du pouvoir, ici, de la poésie. ” Une façon de qualifier la démarche de Rémi Blanchard à l’aune d’une fondamentale dualité, entre humilité et vision d’avenir, la figuration libre ne lui ayant jamais servi autrement que sur le mode du pont. La douceur et l’acuité de son regard sur les êtres, les animaux et les choses que conforte toute sa production picturale ultérieure est là pour l’attester.

 
       
   
       
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