Rémi Blanchard et Catherine Viollet chez Bernard Lamarche-Vadel
Catherine Viollet
Née en 1953 à Chambéry, elle vit à Malakoff.
École des Beaux-Arts de Quimper - Arts Décoratifs, Nice.
Associée à la Figuration libre lors de l’exposition « Finir en beauté » avec Robert Combas, Di Rosa, Jean-Charles Blais, Blanchard, François Boisrond notamment, Catherine Viollet définit ensuite son itinéraire propre entre la figuration et l’abstraction.
La particularité du travail de Catherine Viollet tient à l'association du dessin et de la peinture, du fusain et de l’huile.
La rencontre de ces deux spécificités renvoie aux préoccupations de l’artiste lorsqu’elle participait avec d’autres au mouvement de la Figuration Libre .
Retour
Texte de Catherine Viollet paru dans la monographie de Rémi Blanchard aux éditions Somogy en 2004

J’ai connu Rémi en 1979, alors que nous étions tous deux étudiants aux Beaux-Arts de Quimper, et très proches de Bernard Lamarche-Vadel, alors professeur de culture générale et qui, par ses positions sur l’art contemporain, divisait un peu l’école. Nous étions quelques-uns à nous être introduits avec bonheur dans la brèche ouverte par Bernard, qui apportait un nouveau souffle à l’école, précédé en cela par Jean-Louis Pradel un an auparavant.
J’ai ensuite partagé de façon assez brève la vie du groupe constitué autour de BLV à l’occasion de l’exposition “ Finir en beauté ”, en 1981, puis du relais pris par Hervé Perdriolle pour défendre ces artistes.
À cette époque, Rémi et moi avions en commun la présence animale dans nos peintures ; à l’occasion de votre demande de témoignage, je retrouve dans mes carnets des notes écrites à cette période, que j’ai envie de vous livrer car elles sont en résonance avec nos œuvres de ce moment-là.
“ Le silence des animaux laisse passer le flux de tous les possibles. Les visages sont des effigies. Ils parlent de la mort, d’un autre univers. La peinture est un bon moyen pour parler des animaux car elle ne leur fait rien dire.
Ne pas considérer l’animal comme figure, mais la figure comme animalité ; rapprocher la bête et l’homme en les traitant de la même façon.
Les bêtes ne parlent pas. Les visages se taisent. Ce sont des images du mutisme. Leur discours commun est un discours intérieur... Notre rapport à l’animal nous ramène forcément à nous-mêmes. Il s’agit d’absence. La peinture de Hopper est également une peinture muette et de l’immobilité. Comme celle de De Chirico : une imagerie où une atmosphère de temps enfui fait valoir par contraste un présent rendu muet. ”
Je citerai également cet extrait de Jean Baudrillard :
“ Territoires et métamorphoses ”, (Traverses n° 8) : “ Dans un univers de parole grandissante, de contrainte d’aveu, les bêtes seules restent muettes, et de ce fait elles semblent reculer loin de nous, loin de l’horizon de la vérité. Mais c’est ce qui fait que nous sommes intimes avec elles. Ce n’est pas le problème écologique de leur survie qui est important. C’est celui de leur silence.
Dans un monde qui ne sait plus faire que parler, dans un monde rallié à l’hégémonie du signe et du discours, leur silence pèse de plus en plus lourd sur notre organisation du sens. ”
Ce sentiment des choses nous rapprochait ; Rémi pas plus que moi n’était dans le discours. En ce qui concerne sa relation avec Bernard Lamarche-Vadel, je crois que l’animal était également un transfuge, mais d’un autre ordre ; Bernard était fils de vétérinaire et très marqué par cet aspect de son histoire, qui a nourri très fort son rapport à la mort et qu’il guettait dans toute œuvre d’art.

13 avril 2004

 
           
Retour