A droite Hotto Hahn, à gauche Bernard Lamarche-Vadel
     
 
Hotto Hahn
Otto Hahn est né le 6 décembre 1935 à Vienne (Autriche), de parents d'origine hongroise. Il est décédé à Paris le 19 mars 1996.
Otto Hahn est arrivé à Paris en 1937. Il a suivi une formation en Lettres puis en philosophie et en Histoire de l'art à l'Ecole du Louvre.
De 1960 à 1965, Otto Hahn a collaboré à la revue de Jean-Paul Sartre Les Temps Modernes.
Dès 1965, il s'est rendu aux Etats-Unis grâce au soutien de la galerie Lleana Sonnabend, place forte de l'art américain à Paris au début des années 1960. C'est à la même période, en 1963, qu'il est entré à L'Express en tant que critique littéraire où, à la fin 1964-1965, il est passé responsable de la rubrique 'Arts' et ce durant vingt-sept ans.

 
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Durant les années 1960, Otto Hahn s'est intéressé simultanément au Pop art américain et au Nouveau réalisme français dont l'ambition artistique était de faire le lien entre la peinture et la vie, et de « jeter les bases d'un nouveau matérialisme ». Il en est devenu l'un des principaux défenseurs.
En 1967, il a organisé une exposition à la galerie Stadler, intitulée « Art Objectif », qui rassemblait quinze artistes venant d'Angleterre, France, Hollande, Italie et Etats-Unis. Sa préface du catalogue est un résumé de ses différentes prises de position envers la culture en général.
En 1969, Otto Hahn a fondé avec Françoise Esselier la revue VH 101 (arts plastiques, littérature, musique, danse et cinéma).
Intéressé par le Minimal art et l'Art vidéo dans les années 1970, Otto Hahn a soutenu depuis le début des années 1980 le mouvement de la Figuration Libre. Il a été invité en 1985 par Suzanne Pagé pour être le commissaire de l'exposition intitulée « 5/5 Figuration Libre, France/USA » réunissant certains de ses protagonistes américains et français: Basquiat, Crash, Haring, Scharf, Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa, Jammes et Kwong.Auteur d'une biographie sur Antonin Artaud, Otto Hahn a aussi consacré des livres aux différents artistes qu'il a soutenus: Arman, César, Masson, Spoerri, Sonderborg, Vasarely, Di Rosa. Il a été le collaborateur irrégulier d'un certain nombre de revues françaises et étrangères: Les Temps Modernes (1960-65), L'Express (1963-1989), Arts Magazine (1965-1970), Art International (1964-68), Art Press (1973-1990), +-O (1976-1986), Connaissance des Arts.
 
Texte de Otto Hahn paru dans la monographie de Rémi Blanchard aux éditions Somogy en 2004  

La lumière du ciel, celle d’une chandelle Figuration libre Rémi Blanchard a fait partie de ces jeunes artistes qui connurent un rapide succès au tout début des années quatre-vingt. À cette époque, l’art d’avant-garde était dominé par la problématique conceptuelle. Les travaux étaient noir et blanc, très sévères et théoriques. Rémi Blanchard, avec ses amis Boisrond, Combas et Di Rosa, avaient entre 20 et 23 ans. Ils étudiaient encore la peinture. Tous quatre ressentaient le besoin de renouer avec un langage direct et pensaient que l’art pouvait s’inspirer avec profit de la bande dessinée et de la musique rock. Ils espéraient élargir le public qui s’intéressait à l’art. Environnement À peu près au même moment, en Italie, les jeunes revenaient à la figuration en se réorientant dans la trans-avant-garde. En Allemagne, les “ nouveaux expressionnistes ” renouaient avec la représentation de la figure humaine. À New York, les graffitistes, conduits par Jean-Michel Basquiat et Keith Haring, ouvraient les galeries à l’art de la rue. Position Dans le groupe de la Figuration libre, la position de Rémi Blanchard est quelque peu particulière. Alors que ses amis s’inspirent de la bande dessinée, il cherche ses motifs dans les contes et les légendes. Il est le plus rêveur des quatre. Il cherche une imagerie différente, issue de la mythologie. Évolution Les premières œuvres de Rémi Blanchard étaient très picturales, larges coups de pinceau se terminant en éclaboussures et gouttelettes. Il passe ensuite, vers 1984, aux larges aplats de couleurs vives. Ce n’est que plus tard que Rémi Blanchard fait intervenir la simplification des plans colorés. Actualité La présente exposition montre des images simples : une femme arrange un bouquet de fleurs, un jeune homme fait une sieste sur la plage, une femme lit tandis que l’homme attise le feu. Ces sujets sont intemporels : les heures semblent suspendues. Rémi Blanchard évite la tension et le drame. Il touche à des domaines secrets, comme le souvenir ou la nostalgie. Imagination, magie, imagerie Rémi Blanchard aime l’univers des contes, les images d’Épinal, les miniatures persanes, les Mille et une nuits. Mais l’artiste ne raconte aucune histoire. Il fixe plutôt un motif : le repos, le sommeil, la lecture, l’errance. Il simplifie les fonds, introduit des jeux ornementaux. Les arbres sont tout en feuilles. Les fleurs géantes découpent la surface. Les personnages deviennent des silhouettes. Rémi Blanchard crée ainsi un monde poétique qui rappelle les enluminures et les gravures des expressionnistes allemands des années 1910 à 1920. Écriture Dans la peinture, le sens vient par l’écriture. Dans la littérature aussi. Rémi Blanchard a donc inventé sa propre écriture. Le cerne noir détache les objets et les personnages. À l’intérieur du cerne, divers éléments apparaissent : des animaux, des oiseaux, des fleurs. Couleur Une même couleur désigne le ciel et la lumière de la lampe, la teinte d’un pull-over, celle de l’herbe, la couleur d’une écorce et le pelage des lapins. Cette simplification des couleurs rappelle la répartition des aplats des images imprimées. L’image dans l’image Dans certaines toiles de Rémi Blanchard, il arrive qu’un tableau décore un mur. L’ambiguïté surgit alors : s’agit-il d’une fenêtre s’ouvrant sur un paysage de neige ? S’agit-il d’une scène d’hiver accrochée à une cloison ? Les images renvoient parfois à des légendes : le bateau en équilibre sur la cime d’une montagne semble être l’arche de Noé. En effet, certains affirment que la célèbre arche s’est échouée au sommet du mont Ararat. Poésie Rémi Blanchard transforme les personnages en signes. Il dégage une sorte de langage basique qui cerne les types. Il prend donc la voie opposée au réalisme. Il dépouille la nature de ses détails afin de centrer l’intérêt sur l’image. L’apparence simple cache un mystère qui se fond à l’ambiance. Le rêve. Invention Vers 1983, Rémi Blanchard invente une mythologie fondée sur les tracteurs, les charrues et les machines agricoles. Il y avait là une volonté de rajeunir les grands thèmes picturaux. Depuis, il est revenu aux sujets kitsch qui traversent le temps : l’amour, le couple, les bêtes fauves, la mer, la montagne, l’homme, la femme. Ces thèmes se renouvellent à chaque génération. Rémi Blanchard apporte sa contribution aux sentiments qui occupent l’esprit et le cœur des hommes. Il réactualise des sentiments simples, qui sont peut-être les constantes de l’existence.

Otto Hahn

 
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